Le 16 décembre, les chefs d’État de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) se sont réunis à Yaoundé pour une conférence consacrée à la situation économique de la région, et à la question très attendue de la dévaluation du Franc CFA . Une session extraordinaire pour tenter de répondre à l’urgence de la résilience économique et la stabilité financière.
Ils ont décidé de ne pas procéder à une dévaluation du franc CFA. En effet, un communiqué de la présidence camerounaise a précisé qu’« aucun ajustement monétaire n’est à l’ordre du jour », malgré les spéculations récentes sur cette possibilité. Les discussions entre entre chefs d’Etat et leurs partenaires ont plutôt porté sur des réformes économiques “urgentes et concertées” pour renforcer la résilience des économies de la région, sans recourir à une dévaluation de la monnaie.
Le président camerounais, Paul Biya, a souligné l’importance de prendre des mesures immédiates pour éviter une crise économique et financière. Les chefs d’Etat ont par conséquent exhorté les partenaires au développement à “oeuvrer pour la conclusion des revues de leurs Accords avec la République du Cameroun, la République centrafricaine et la République du Congo” ainsi qu’à ” veiller à un ajustement budgétaire à dimension sociale et préservant l’investissement”. Dans le but de renforcer le cadre macroéconomique de la zone, les dirigeants de la CEMAC ont encore appelé ‘à assurer la mise en oeuvre des politiques et des réformes structurelles en vue de la consolidation de la croissance économique et de la stabilité monétaire.”
Le FMI et la Banque mondiale invités à accompagner le rapatriement et la domiciliation des revenus du pétrole
Les discussions ont également porté sur l’érosion des réserves de change, incitant les dirigeants à renforcer la discipline budgétaire et à améliorer la gouvernance économique des pays. Le niveau des réserves des changes “connaît depuis 2024 une tendance baissière” passant de 2,3 en 20216 à 4,6 en 2023, ” (…) les perspectives des cours des matières premières et du commerce international s’annoncent défavorables”. Le communiqué final informe sur ce point la nécessité de “nouveaux efforts collectifs et concertés” pour “améliorer substanciellement le cadre macroéconomique de la sous-région, notamment en accélérant la diversification économique et la consolidation es finances publiques”, appelant à l’application intégrale de la Réglementation des changes “notamment à travers le rapatriement diligent des devises par le opérateurs économiques, et plus particulièrement la signature, avant le 30 avril 2025, des conventions des comptes séquestres pour le fonds de restauration des sites (Fonds RES) par le entreprises extractives (pétrolières et minières)”. Sur ce point la conférence à invité le FMI et la Banque mondiale à accompagner les Etats et la Banque centrale dans cette quête de rapatriement et de domiciliation de revenus pétroliers.
En conclusion, les dirigeants de la CEMAC ont réaffirmé leur engagement à travailler ensemble pour surmonter les défis économiques actuels et à mettre en œuvre des réformes structurelles visant à assurer une croissance durable et inclusive dans la région. En outre, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement ont annoncé organiser en 2025 une conférence dédiée au financement du secteur de l’énergie.
A l’invitation conjointe du président camerounais Paul Biya et de son homologue centrafricain Faustin-Archange Touadera par ailleurs président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), cette session extraordinaire avait pour thème principal “Evaluation de la situation et perspectives économiques, monétaires et financières de la CEMAC : mesures de la consolidation de la résilience”
Ont par également participé au sommet les chefs d’Etat Obiang Nguema Bassongo de Guinée Equatoriale, Brice Clotaire Olingui du Gabon. Les présidents Denis Sassou N’Guesso du Congo-Brazzaville et le maréchal Mahamat Idriss Deby Itno du Tchad ont été représenté respectivement par Anatole Collinet Makosso, premier ministre et Tahir Hamid Ngulin, ministre des Finances du Budget, de l’Economie et du Plan, sans oublier Baltasar Engonga Edjo’o, président de la commission de la CEMAC.
Outre les membres du Conseil des ministres de l’Union Economique de l’Afrique centrale (UEAC) et du Comité ministériel de l’Union Monétaire de l’Afrique centrale (UMAC), étaient présents à la session extraordinaire les partenaires au développement comme Abebe Aemro Selassie, directeur Afrique représentant Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), Ousmane Diagana, vice-président de la Banque Mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Dr Serge N’Guessan, directeur général du Bureau Afrique centrale représentant Dr Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD) , Thierry Marchand, ambassadeur de la France au Cameroun , représentant le gouvernement français et Yvon Sana Bangui, gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale.
Carmen Féviliyé