
Courtisé par la France, l’Union Européenne et les Etats-Unis notamment pour le stratégique corridor de Lobito, le président Angolais et son épouse Ana Dias Lourenço arrivent demain, jeudi 16 janvier pour une visite d’Etat de deux jours à Paris. Joao Lourenço, futur président de l’UA d’ici mi-février, est encore attendu pour tenter de relancer le dialogue entre le Rwanda et RDC en vue d’asseoir la paix dans cette région d’Afrique. Une médiation angolaise de longue date soutenue par la France.
Le couple présidentiel angolais sera accueilli en matinée par Emmanuel Macron et son épouse Brigitte Macron d’abord aux Invalides, puis au Palais de l’Elysée pour un riche entretien bilatéral, des déclarations à la presse, un déjeuner de travail et en soirée par un diner d’Etat en son honneur. Joao Lourenço se rendra ensuite au forum d’affaires Angola-France organisé par le Medef le vendredi 17 janvier.
Cette visite s’inscrit dans la volonté de renforcement des liens politiques, culturels et économiques entre la France et l’Angola. Les deux présidents échangeront aussi sur plusieurs grands sujets régionaux et internationaux alors que le président Lourenço s’apprête dans quelques semaines à prendre la présidence de l’Union africaine, mi-février 2025 pour une année. Une deuxième visite du président angolais après celle de 2018 précédant celle du président Français à Luanda en 2023. Pays important pour la France, l’Angola a rejoint la Francophonie lors du sommet de Villers-Cotterêts et Paris en tant que pays observateur. Bien que lusophone, le pays est aussi un pays francophone avec 4 millions de locuteurs.
Il y a un engagement partenarial et politique fort entre l’Angola et la France, l’Angola étant pour la France l’un des pays prioritaires en Afrique sur des questions bilatérales et régionales (médiation angolaise la paix). La relance du « processus de Luanda » sera sans équivoque au cœur des échanges entre les deux présidents. Il n’est pas sans rappeler que la France soutient les efforts de médiation du président Lourenço dans le cadre du processus de paix entre le Rwanda et la RDC, pour tenter de relancer les discussions vers un accord entre les deux pays.
L’Angola attire par ses potentialités économiques fortes
L’Angola, deuxième économie d’Afrique australe, est un partenaire stratégique pour la France, notamment grâce à son ouverture sur l’océan Atlantique par le corridor de Lobito. Pour sa part, la France en est le premier investisseur avec un stock d’investissement de 18 milliards d’euros dans le secteur pétrolier. Le pays regorge de nombreuses autres opportunités d’affaires avec des secteurs économiques prioritaires dans l’agriculture, l’agro-industrie, les infrastructures, le solaire, l’assainissement des infrastructures et la gestion des déchets, les minerais stratégiques, sans oublier le corridor de Lobito. L’intérêt économique de la France vers l’Angola est très fort. Le président Lourenço et sa délégation sont naturellement attendus le 17 janvier au forum d’affaires organisé par le Medef pour mobiliser les investisseurs français vers l’Angola.
L’agriculture, au centre de la visite du président Emmanuel Macron à Luanda en 2023, sera également au centre des discussions bilatérales entre les deux dirigeants. La France est le premier fournisseur de blé en 2023 à l’Angola, avec des accords de coopération dès 2018 qui ont permis de diversifier la présence française dans l’agriculture angolaise notamment sur l’irrigation, le soutien à la reconstitution d’une filière et l’appui technique sur le plan agricole.
Le corridor de Lobito, une priorité pour l’Angola, la France, l’Union Européenne et les Etats-Unis
.Une infrastructure considérable que souhaite construire l’Angola avec la RDC et la Zambie. Le corridor de Lobito relie les régions du sud de la RDC et du nord-ouest de la Zambie aux marchés commerciaux régionaux et mondiaux via le port de Lobito en Angola. Le corridor de Lobito est la première infrastructure économique stratégique lancée en mai 2023dans le cadre du partenariat phare du G7 pour les infrastructures et les investissements mondiaux. En marge du sommet du G20 à New Delhi en septembre 2023, l’UE et les États-Unis ont publié une déclaration commune, s’associant pour soutenir le développement de ce corridor. L’un des enjeux sera de faire sortir des minerais vers le port de Lobito. Une priorité pour l’Angola, la France, l’Union européenne et les Etats-Unis marquée par la seule visite en Afrique de Joe Biden en Angola en décembre 2024.
Un contrat avec Suez et Airbus à finaliser dans les discussions
Des annonces sont attendues sur un contrat important avec Suez concernant les infrastructures et d’autres secteurs. En outre, un accord de fourniture d’un satellite avec Airbus, avec un financement français de la Société Générale, est en cours. La visite du président Angolais permettra d’avancer sur les conditions de financement du contrat. Par ailleurs, la France accompagne plusieurs autres initiatives : un accord sur l’enseignement supérieur qui sera conclu le 16 janvier, le soutien à la généralisation de l’enseignement du français en Angola dès la fin de l’école primaire, l’ouverture d’un lycée d’excellence scientifique bilingue franco-portugais en 2025- 2026. Sur les sujets globaux, l’Angola est aussi important sur des questions liées à l’océan (un sommet sur les océans aura lieu à Nice courant 2025), à la forêt et le climat, ainsi que la réforme des institutions financières.
L’Angola est un partenaire important pour la France. En effet, après la Mauritanie, le pays présidera cette année l’UA dès mi-février à l’occasion du sommet africain à Addis-abeba prévu mi-février. « C’est pour nous important d’initier ce dialogue dès avant la prise de présidence de l’Angola, d’autant plus important que la France aura la présidence du G7 en 2026 et que le lien avec la présidence de l’UA est très important. Les deux présidences vont quand même se coïncider, au début 2026, la présidence du G7 se fera au départ avec la présidence angolaise de l’UA. La coopération entre nos deux pays est très importante à cet égard » a affirmé Jérémie Robert, conseiller Afrique du président de la République française.
Carmen Féviliyé