Le 21 avril 2025, le pape François s’est éteint à l’âge de 88 ans, des suites d’un accident vasculaire cérébral, laissant l’Église catholique en deuil et ouvrant une période de réflexion sur sa succession. Son pontificat, marqué par une attention particulière aux périphéries et aux enjeux du Sud global, a profondément résonné en Afrique, notamment en République démocratique du Congo (RDC).
Un héritage africain fort
Le pape François a entretenu des liens étroits avec l’Afrique tout au long de son pontificat. Lors de sa visite en RDC en 2023, il a dénoncé le “colonialisme économique” et plaidé pour la paix et la justice sociale, des messages qui ont profondément touché la population congolaise. En RDC, le plus grand pays catholique d’Afrique, sa mort a suscité une vive émotion, les cloches des églises ayant sonné en son honneur et les fidèles exprimant leur gratitude pour son engagement envers les plus vulnérables.
La question d’un pape africain
La question de sa succession se pose. L’Afrique espère que la voix du Sud continuera à être entendue et que l’héritage du pape François en matière de justice et de solidarité perdurera. Certains observateurs estiment que le moment est venu pour l’Afrique d’avoir son premier pape depuis des siècles. Le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, archevêque de Kinshasa, est cité parmi les favoris. Connu pour son engagement en faveur de la justice sociale, de la paix et de la protection de l’environnement, il incarne une voix forte pour l’Afrique au sein de l’Église.
Dans une église en mutation, la possible élection d’un pape africain représenterait une étape majeure dans l’histoire de l’Église catholique, reflétant la croissance du christianisme en Afrique et la nécessité d’une représentation plus équitable au sein de la hiérarchie ecclésiastique. Cela pourrait également renforcer l’attention portée aux défis spécifiques du continent, tels que la pauvreté, les conflits armés et les questions environnementales.
L’attention se tournedésormais vers le conclave qui désignera son successeur. Parmi les candidats potentiels, plusieurs cardinaux africains sont évoqués, reflétant la croissance du catholicisme sur le continent et son influence croissante au sein de l’Église.
Les cardinaux africains pressentis
Cardinal Fridolin Ambongo Besungu (RDC)
Archevêque de Kinshasa, le cardinal Ambongo est reconnu pour son engagement en faveur de la justice sociale et de la paix, notamment dans l’est de la République démocratique du Congo. Il est considéré comme un candidat sérieux, alliant une sensibilité pastorale à une vision conservatrice sur certaines questions doctrinales.
Cardinal Robert Sarah (Guinée)
Ancien préfet de la Congrégation pour le culte divin, le cardinal Sarah est une figure de l’aile traditionnelle de l’Église. Connu pour sa défense de la liturgie et sa critique des réformes de François, il est perçu comme l’antithèse du pape défunt.
Cardinal Peter Turkson (Ghana)
Ancien préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral, le cardinal Turkson est apprécié pour son engagement sur les questions sociales et environnementales. Bien qu’il ait été considéré comme un papabile lors des précédents conclaves, son nom revient à nouveau dans les discussions actuelles.
Cardinal Ignace Bessi Dogbo (Côte d’Ivoire)
Moins connu sur la scène internationale, le cardinal Bessi Dogbo est néanmoins mentionné parmi les candidats africains potentiels, reflétant la diversité et la vitalité de l’Église en Afrique de l’Ouest.
Un moment historique pour l’Afrique ?
L’élection d’un pape africain serait une première depuis des siècles et marquerait une reconnaissance symbolique de l’importance croissante de l’Afrique dans le catholicisme mondial. Avec environ 20 % des catholiques vivant sur le continent, une telle élection pourrait renforcer la représentation des préoccupations africaines au sein de l’Église. Cependant, des défis subsistent. Les positions conservatrices de certains cardinaux africains sur des questions sociétales pourraient susciter des débats au sein du Collège des cardinaux, qui devra trouver un équilibre entre tradition et modernité.
A Rome, l’attention se porte sur ces figures africaines qui pourraient, pour la première fois depuis l’Antiquité, accéder au trône de Saint-Pierre. Leur élection représenterait un tournant historique et offrirait une nouvelle perspective à l’Église catholique dans son engagement envers les défis contemporains.
Carmen Féviliyé