Célébrer la liberté d’informer : Paris honore 20 journalistes exilés

Darline Cothière, Alberic De Gouville, Hervé Brusini et les lauréats@AAFC
Darline Cothière, Alberic De Gouville, Hervé Brusini et les lauréats@AAFC

Une cérémonie émouvante s’est tenue le 2 mai à l’Hôtel de Ville de Paris à l’initiative de Darline Cothière, directrice de la Maison des journalistes (MDJ). Une soirée de remise de titres de citoyens d’honneur aux journalistes exilés pour célébrer le 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse.

La liberté d’expression  n’a pas de frontières. Vingt journalistes réfugiés contraints de fuir leurs pays pour continuer à exercer leur métier ont été mis à l’honneur. Originaires de pays tels que l’Afghanistan, la Colombie, l’Égypte, la Syrie, la République démocratique du Congo, le Mali, l’Iran, la Russie, Haïti et la Guinée ou encore du Cameroun, ces journalistes ont reçu le titre de citoyens d’honneur de la Ville de Paris. Un geste fort qui salue leur engagement en faveur de la liberté d’expression, malgré l’exil et les persécutions.

Plusieurs personnalités du monde des médias étaient présentes dont Marie-Laure Augry, journaliste française  connue pour son engagement en faveur de la liberté de la presse et de la protection des journalistes et Albéric De Gouville, directeur adjoint chargé de la coordination éditoriale des antennes de France24. Ce dernier a joué un rôle central en tant que président de la Maison des journalistes en apportant un soutien aux journalistes exilés, en leur offrant un refuge et en promouvant la liberté de la presse.

Une génération engagée malgré l’exil

La promotion 2024-2025 des résidents de la Maison des journalistes incarne une presse libre, courageuse et essentielle. Parmi eux,  des consœurs et confrères venus d’Afrique, du Moyen-Orient ou d’Europe de l’Est. Tous partagent une même volonté : témoigner, dénoncer, continuer à informer, même en exil.

Parmi les journalistes associés à la Maison des journalistes, on peut citer Joëlle Yousdoupho (Cameroun), Walid Bourouis (Tunisie), Anas Mohamed Ali (Syrie), Rodly Saintiné (Haïti). Ces journalistes ont été reconnus pour leur engagement en faveur de la liberté de la presse et leur courage face aux défis rencontrés dans leurs pays d’origine.

Hervé Brusini : « Le reportage donne une figure humaine à l’information »

Parrain de cette promotion, Hervé Brusini, journaliste français et président du Prix Albert Londres, a salué le courage de ces journalistes en ces mots :” Ils incarnent la force du témoignage humain à une époque où l’intelligence artificielle menace de déshumaniser l’information. »

Albéric De Gouville a souligné l’importance de l’éducation aux médias et de la lutte contre la désinformation, mettant en lumière les défis auxquels sont confrontés les journalistes réfugiés. Son intervention a renforcé le message de solidarité et d’engagement envers la liberté d’expression et le journalisme indépendant.

Darline Cothière lors de son allocution à l'hotel de ville de Paris@AAFC
Darline Cothière lors de son allocution à l’hotel de ville de Paris@AAFC

Très applaudie, Darline Cothière a affirmé que  “la liberté d’informer est l’affaire de tous”, précisant que la Maison des jounalistes est un “refuge”, “mais aussi un tremplin”, car pour elle,” l’exil n’est pas un choix, mais une urgence. »

Faisons vivre une certaine idée de la France, celle de l’accueil et de la protection, surtout en ces temps de stigmatisation des étrangers

Le programme “Vent en exil” pour accompagner, former, sensibiliser

Porté par la Maison des journalistes et soutenu par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, “Vent en exil”,mis en avany lors de cette cérémonie, vise à offrir un accompagnement professionnel, éditorial et humain aux journalistes exilés. En 2024, il a déjà touché plus de 3 000 bénéficiaires à travers des actions d’immersion, des ateliers d’éducation aux médias et des campagnes de sensibilisation citoyenne.

Un plaidoyer pour un réseau mondial de maisons des journalistes

Au terme de la cérémonie, un appel a été lancé à la création de Maisons des journalistes à l’échelle mondiale, notamment en Afrique, où les libertés de la presse sont souvent menacées. Des initiatives émergent déjà au niveau européen.

« Faisons vivre une certaine idée de la France, celle de l’accueil et de la protection, surtout en ces temps de stigmatisation des étrangers. », a  déclaré Darline Cothière, directrice de la Maison des journalistes, sur l’importance de l’accueil et de la protection des journalistes exilés en France.

La Maison des journalistes , un refuge pour la liberté d’informer

Fondée à Paris en 2002, c’est un lieu unique dédié à l’accueil de journalistes exilés ayant fui la guerre, la censure ou la répression dans leur pays. Elle leur offre un hébergement sécurisé, un accompagnement professionnel, et des opportunités de reconstruction.

Véritable tremplin vers l’intégration, la MDJ mène aussi des actions éducatives (comme “Renvoyé spécial”) et des projets de sensibilisation à la liberté d’expression (tel que “Vent en exil”). Soutenue par la Ville de Paris, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et plusieurs partenaires, elle agit pour faire vivre les valeurs de liberté, d’accueil et de solidarité.

Pour rappel, la Journée mondiale de la liberté de la presse est célébrée chaque année le 3 mai. Elle a été proclamée par l’UNESCO en 1993 pour rappeler l’importance de la liberté de la presse, la protection des journalistes, et le droit d’accès à une information libre et fiable.

Carmen Féviliyé

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A propos CARMEN FEVILIYE 870 Articles
Juriste d’affaires Ohada / Journaliste-Communicant/ Secrétaire Générale de l'Union de la Presse Francophone - UPF section France