
La lauréate est la journaliste russe Antonina Favorskaya. La première édition de la cérémonie de remise du prix s’est tenue le 12 mai 2025 à Paris.
Organisée par la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et l’Union internationale de la presse francophone (UPF), le Prix est créé en hommage à la journaliste palestinienne tuée en 2022 alors qu’elle exerçait son métier, couvrant un raid en Cisjordanie. Il va désormais célèbrer chaque année des femmes dont le parcours incarne la résistance, la vérité et la défense des droits fondamentaux dans des contextes périlleux.
Antonina Favorskaya, correspondante pour le média indépendant russe SotaVision, est actuellement emprisonnée à Moscou, purgeant une peine de cinq ans et demi pour des accusations d’« extrémisme » liées à ses reportages sur le mouvement de l’opposant Alexeï Navalny. Elle a notamment filmé la dernière vidéo de Navalny en février 2024 et a été arrêtée en mars 2024 après avoir déposé des fleurs sur sa tombe.
Son avocate, Olga Mikhaïlova, également ancienne défenseure de Navalny, a accepté le prix en son nom lors de la cérémonie. Le jury a unanimement salué son courage, son professionnalisme et son engagement en faveur de la liberté de la presse, malgré les risques encourus.

Un Prix pour le playdoyer, le témoignage, la liberté et la célébration
Le Prix Shireen Abu Akleh « Pour le courage et l’engagement des femmes journalistes » a été créé pour témoigner la solidarité avec les femmes journalistes qui font honneur à la profession par un travail de qualité surmontant ainsi menaces et dangers. Le Prix a pour vocation de célébrer le courage, plaider pour la sécurité, promouvoir la liberté d’expression et inspirer les générations futures.
Le Prix récompense le travail des femmes journalistes indépendamment de leur pays d’origine, d’exercice et de la langue de travail. Tous ls supports sont (journal ou magazine papier, Tv, radio, web, reportage audio, vidéo, multimédia…) sont concernés. Les candidatures sont évaluées sur la base de la qualité du travail, le courage et l’impact.
Récompenser le courage des femmes journalistes
La sécurité des journalistes est une condition indispensable à l’exercice libre et responsable du métier. Or, partout dans le monde, cette sécurité se dégrade dangereusement, allant parfois jusqu’à menacer l’intégrité physique des professionnels de l’information. Cette réalité est d’autant plus préoccupante que les femmes journalistes sont de plus en plus ciblées : agressions verbales, discours de haine, cyberharcèlement, violences physiques, viols… et parfois même assassinats.
C’est dans ce contexte alarmant que la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et l’Union internationale de la presse francophone (UPF) ont créé le Prix annuel Shireen Abu Akleh, destiné à récompenser le courage et l’engagement des femmes journalistes à travers le monde.
Un prix en mémoire d’une voix réduite au silence
Le nom de Shireen Abu Akleh est devenu un symbole universel du combat pour la liberté de la presse. Grande reporter palestino-américaine, elle a travaillé pendant 25 ans pour Al Jazeera, couvrant les événements les plus sensibles du Moyen-Orient. Sa voix, familière à des millions de téléspectateurs, a marqué le paysage journalistique arabe. Elle est aujourd’hui considérée comme une icône du journalisme palestinien.
Le 11 mai 2022, alors qu’elle réalisait un reportage à Jénine, Shireen Abu Akleh a été tuée d’une balle dans la nuque par un soldat israélien. Elle portait pourtant un casque et un gilet pare-balles clairement marqué “PRESSE”. Sa mort a choqué la communauté internationale et renforcé les appels à la protection des journalistes sur les terrains de conflit.
Un prix pour l’espoir et la reconnaissance
« Ce prix n’est pas seulement un hommage. C’est aussi une alerte. Il rappelle que des femmes continuent de risquer leur vie pour faire leur métier », a déclaré la journaliste Dominique Pradalié (France) membre du jury du Prix et membre du Comité exécutif de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) lors de la cérémonie du 12 mai 2025 à Paris, organisée en présence de diplomates, journalistes, défenseurs des droits humains et représentants d’ONG,
Le Prix Shireen Abu Akleh est aujourd’hui plus qu’une récompense : c’est un acte de reconnaissance, un cri de solidarité et un appel à l’action pour protéger celles qui, en première ligne, font vivre la liberté d’informer.
Carmen Féviliyé