L’Afrique dans sa course individuelle vers l’émergence

Par Lydie-Patricia ONDZIET, 
Présidente de l’ association la Trinité 
Présidente d’honneur du Mouvement Dynamique Implication 2009
Membre de l’Association Panafricaine d’Aquitaine

 

 

Dans son récent rapport intitulé «The Global Competitiveness Report 2017-2018», publié le 26 septembre 2017, le Forum économique mondial (WEF) dresse une liste des 137 économies les plus compétitives au monde. Parmi elles, 10 pays africains ont réussi à se hisser dans le top 100, à savoir : l’Ile Maurice (45e), le Rwanda (58e), l’Afrique duSud (61e), le Botswana (63e), le Maroc (71e), l’Algérie (86e), la Namibie (90e), le Kenya(91e), la Tunisie (95e), l’Egypte (100e).

Les économies les plus compétitives au monde ont été sélectionnées sur la base de plusieurs indicateurs dont la qualité des infrastructures, l’innovation, la qualité de l’éducation, la performance du système de santé, le climat des affaires et la situation du secteur privé. L’Afrique subsaharienne, cependant, se porte beaucoup moins bien, hormis le Sénégal (106 e), l’Ethiopie (108 e), les Seychelles (107e) ou le Ghana qui affichent des performances intéressantes. Des pays comme le Cameroun(116e), le Nigeria (125e) ou la RDC (126e), piliers économiques dans leurs différentes régions, cherchent encore une place au soleil. Quant à la Côte d’Ivoire, pourtant classée comme l’une des économies les plus dynamiques de l’Afrique de l’Ouest, elle n’a pas été prise en compte dans le classement. Sur le plan mondial, la Suisse semble bien expérimenter cette recette du succès. En effet, pour la 9e année consécutive, le pays est en tête du peloton en partageant le trio avec les Etats-Unis et Singapour. Le Tchad (135e) et leMozambique (136e) sont les deux pays africains qui referment le classement, suivis du Yémen (137e).
Le 9e sommet des BRICS s’est tenu du 3 au 4 septembre 2017 à Xiamen, dans le sud de la Chine, sur le thème: «D’un partenariat plus fort pour un avenir brillant». Outre, l’Afrique du Sud, pays membre des BRICS depuis 2010, le continent a également été représenté par l’Egypte et la Guinée Conakry, pays non membres des BRICS qui ont pris exceptionnellemenpart au dialogue des pays émergents et en voie de développement.

Naturellement, la région semble être la plus chanceuse, étant donné que c’est l’un des continents les plus stables géographiquement enregistrant le moins de catastrophes naturelles. De plus, elle est le principal fournisseur mondial de matières premières, car elle regroupe près de 10% des réserves connues de pétrole dans le monde. Cependant, le principal problème de l’Afrique est l’échec 

du leadership. En effet, il est triste de constater que la plupart des dirigeants africains sont à l’origine de l’insuccès de la région. Près de 85%des élections sur le continent ne sont pas libres, justes et crédibles. Seuls le Ghana, le Sénégal, l’Afrique du Sud et quelques rares pays peuvent se vanter d’élections relativement libres et équitables.
L’une des raisons à cette instabilité chronique et récurrente est la difficulté à s’approprier les principes de la démocratie. Néanmoins, la corruption reste un véritable fléau qui touche particulièrement les élites. En l’absence d’initiatives individuelles ou collectives de production de richesses, l’Etat reste la seule vache à lait qui inhibe toute initiative et transforme la plupart de ces agents, notamment les plus proches, en de véritables sangsues; ainsi les économies en sont du coup gangrenées. De ce fait, fort est de constater que la bonne gouvernance n’est pas le fort des dirigeants africains. Bien au contraire, avec l’organisation des élections controversées d’avance, du clientélisme, le peuple se trouve alors marginalisé. Si l’on se penche sur la définition de la démocratie, on constate qu’«elle est un régime politique dont le principe est celui du gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Il s’oppose à des régimes où le pouvoir est détenu par une seule personne, telle que la monarchie absolue ou par un petit groupe d’individus, ce que l’on appelle l’oligarchie».
Dans la course à l’émergence, le Congo semble avoir déclaré forfait. Lors des dernières décennies, nous possédions nos lettres de noblesse. Nous constatons, avec beaucoup d’amertume et de regret, que ce pays qui possède de nombreuses richesses naturelles et des talents originaires du nord comme du sud dont pour la plupart se trouvent à l’international, n’est
référencé nul part et affiche un visage apocalyptique.  
Il nous est impossible, nous,en tant que société civile,de cautionner ce genre de drame. Cependant, nous, la Trinité, avons toujours pris part au débat en diversifiant nos analyses tant sur le plan national qu’international, parle biais du bihebdomadaire La Semaine Africaine (voire Google). 
Nous avions, lors des élections présidentielles de 2016, soutenu la majorité présidentielle, dans un souci de transition paisible, d’une relance économique, la bonne gouvernance. Le candidat avait pour programme politique la moralisation et la transparence de la vie publique, c’est la raison pour laquelle, nous, la Trinité, avions une fois de plus offert notre soutien à la majorité présidentielle. Il s’avère qu’aujourd’hui, l’évolution des choses va à l’encontre de nos attentes. 
Aujourd’hui, le pays n’a jamais été autant endetté. La corruption et le clientélisme battent leur plein. On trouve à la tête des compagnies publiques, des dirigeants très souvent incompétents et parfois corrompus et ce, dans différents secteurs tels que la SNPC, et les Grands travaux ou encore, la dernière compagnie en date, ECAIR, qui aurait pu faire la fierté de la nation, mais qui a fait faillite en moins de cinq années d’existence, à cause de la mauvaise gestion. Effectivement, nous n’observons aucun jeu démocratique, à savoir : la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire),  la reconnaissance et le droit des libertés (liberté d’association, liberté d’expression, liberté de presse), le pluralisme politique (plusieurs partis), égalité civique et la participation de tous.
Alors que les autres pays africains prennent leur envol, le Congo-Brazzaville, lui, s’enlise, s’embourbe, s’empêtre, s’enterre. L’absurdité et l’arbitraire deviennent les maîtres-mots en tout et pour tout. Des opposants croupissent en prison, la guerre dans le pool n’en finit pas, des manifestations pacifiques réprimées avec violence, toutes les personnes opposées au régime subissent toutes sortes d’humiliation en public.
On observe également un dysfonctionnement dans presque tous les systèmes (sanitaire, éducatif etc.), le peuple vit dans la misère la plus totale; l’élite est bafouée, muselée et mise en quarantaine, la jeunesse est désoeuvrée et instrumentalisée. Le véritable drame étant l’argent du contribuable congolais qui se trouve dans des comptes personnels disséminés dans des paradis fiscaux et convertis en biens immobiliers à travers le monde, au vu et au su de tous. Pire encore, le pays se trouve divisé entre une infime minorité qui protège ses intérêts en narguant, toisant, méprisant les laissés pour-compte avec des phrases telles que «batoya ndzala, ba jaloux, des petites cartes de séjour temporaire… ». 
Dans la situation économique actuelle du Congo, demander une aide au FMI serait un plan viable et nécessaire uniquement, si les dirigeants actuels mettent en place de nouvelles structures et appliquent une politique de moralisation de la vie publique, tout en permettant l’émergence de nouveaux leaders patriotes et nationaux. Ces leaders participeront au développement du pays en intégrant les jeunes talents congolais qui, souvent, se trouvent forcés de s’exiler à l’international par manque d’opportunités professionnelles et manque d’infrastructures locales opérationnelles.
Source: La Semaine africaine (n°3754)
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Juriste d’affaires Ohada / Journaliste-Communicant/ Secrétaire Générale de l'Union de la Presse Francophone - UPF section France