Mardi 26 octobre, 200 personnalités du monde protestant étaient rassemblées pour le premier dîner économie et protestantisme organisé par le Cercle Charles Gide. Un événement qui se veut annuel et qui pour sa première édition recevait le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, ainsi que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Le Cercle Charles Gide est une association protestante qui s’investit en faveur d’une économie responsable. Elle réunie des protestants et des personnes proches du protestantisme qui sont engagés dans la vie économique, sociale ou culturelle et dont l’ambition est d’oeuvrer pour le bien commun.
La première édition de son dîner économie et protestantisme, qui entend devenir un événement annuel, s’est tenue mardi 26 octobre à Paris. Une rencontre qui a pour but de faire entendre la parole des protestants de France sur des thèmes importants pour la société française tel que l’économie ou la culture, elle entend également montrer que les protestants sont engagés à différents niveaux dans la vie politique, sociale et culturelle de l’hexagone. Enfin, un des enjeux de cette rencontre était de lever des fonds qui seront reversés aux oeuvres sociales du protestantisme.
François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France a prononcé à l’occasion de ce dîner une « adresse du protestantisme » au président de la République, Emmanuel Macron qui était l’invité d’honneur de ce dîner. Gerald Darmanin, ministre de l’Intérieur qui est chargée des cultes était également présent parmi les 200 invités réunis lors de cet événement.
Après avoir souligné « l’honneur et la joie » de compter le président parmi eux, François Clavairoly s’est employé à démontrer avec éloquence comment le protestantisme « trouve sa place dans la République, et la République trouve dans le protestantisme une ressource, un encouragement, un aiguillon acéré et je l’espère aussi un souffle ». « Le protestantisme tient donc sa place dans la société » a-t-il ajouté en précisant qu’il est « tout à fait conscient de sa minorité ».
Il s’est ensuite arrêté sur la devise de la République française, « liberté, égalité, fraternité ». Tout en faisant la distinction entre « la liberté acquise par la Révolution française, inscrite dans l’article 10 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, et la liberté offerte par la grâce de Dieu », il précise que « puisque nous sommes en République » et qu’elle a reconnue notre « liberté de conscience en Christ », celle-ci restera « imprenable ».
Rappelant ensuite, le sérieux défi que représente pour la République et pour l’église, « l’égalité entre hommes et femmes », il a également évoqué « la question toujours brûlante de la discrimination des personnes issues de l’immigration, à l’embauche, à l’habitat, la discrimination des homosexuels et les violences à leur égard comme celle trop insupportable à l’égard des femmes, le racisme et l’antisémitisme qui perdurent ».
« Il nous faut avancer encore, et ensemble, j’y insiste, pour que la société se réforme et se révèle à elle-même un champ des possibles de fraternité et de réconciliation » a continué le président la FPF, faisant ainsi le lien avec le dernier mot qui compose la devise républicaine, la fraternité.
Cette fraternité qui « exige elle aussi une attention renouvelée et un soin particulier de la part de la République » et qui l’a amené à évoquer ensuite, l’hospitalité. Rappelant que le « protestantisme sait ce qu’hospitalité veut dire, lui qui a été accueilli dans l’exil », il est revenue sur cette valeur biblique qui oblige selon lui le protestantisme « à rappeler l’exigence de l’accueil et du droit d’asile qui concerne d’autres que lui-même, des familles perdues et fracassées dans les conflits des hommes ».
François Clavairoly, s’est aussi attardé un moment sur une autre religion, l’islam qui à l’instar du christianisme et du judaïsme est en train de parvenir « à trouver sa place dans la société ». « De grâce, que des discours pauvres d’esprit même s’ils sont bien tournés et relayés étonnamment par des chaines qui prennent en ces jours de lourdes responsabilités sans aucune vergogne, ne compromettent pas son cheminement et ses efforts si difficiles » a-t-il lancé.
C’est sur le thème du souffle que s’est conclu son discours, un souffle donné par la spiritualité à la République, « un souffle comme une brise légère qui invite chacun à respirer profondément alors qu’on pourrait suffoquer ou qu’on redoute d’être ballotté ou même balayé au gré des vents de doctrines haineuses ».
La spiritualité a toute sa place dans une République laïque, elle est cette capacité à souffler, à respirer et par conséquent à inspirer nos vies et à imaginer demain, elle est cet appel à se tenir debout en soi-même quand bien même l’air viendrait à devenir irrespirable. »
Camille Westphal Perrier