Emmanuel Macron en Afrique centrale : à Brazzaville, une visite éclair pour la culture et la mémoire

French President Emmanuel Macron (L) and Congolese President Denis Sassou-Nguesso (R) review a guard of honour upon Macron’s arrival at the airport in Brazzaville on March 3, 2023, as part of the third leg of an African tour. – The French president on March 3 carried his African tour aimed at renewing frayed ties to the Republic of Congo after inking an economic accord with Angola, and attending the One Forest Summit in Gabon. (Photo by LUDOVIC MARIN / AFP)

Une première visite de travail du Président Français dans l’ancienne capitale de toute la France Libre et de l’Afrique équatoriale française(A.E.F) dédiée à la mémoire et à la culture, mais aussi à la question lybienne et à l’environnement. Venant de Luanda, l’avion présidentiel français a atterri  peu avant 17h à l’aéroport international de Maya-Maya où le dirigeant Français a été reçu par son homologue et hôte Congolais, Denis Sassou N’Guesso.

Au  Palais du Peuple, siège de la présidence de la République du Congo après avoir été celui historique du gouvernement général de l’A.E.F, les deux chefs d’Etat ont eu un long tête-à-tête qui a fait faite à une conférence de presse et à la lecture du communiqué conjoint. En marge de l’ entretien entre les deux Présidents, des partenariats ont été signés entre le Congo et la France concernant notamment les infrastructures et le financement des entreprises en appui au Figa, le fonds congolais  d’impulsion, de garantie et d’accompagnement des entreprises, “pour soutenir les priorités du Congo”.  Ont pris part à la cérémonie Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’Etat chargée du Développement de la Francophonie, François Barateau, ambassadeur de France au Congo, Nicolas Dufour, directeur de la Banque Publique d’Investissement (BPI France) et Rémy Rioux, directeur de l’Agence Française de Développement (AFD). Du côté congolais, Jean-Baptiste Ondaye, ministre de l’Economie et des Finances, le Rodolphe Adada, ambassadeur du Congo en France et Armel Mbouloukoue, directeur général du Figa.

Le communiqué conjoint a fait ressortir  « l’excellence et la qualité des relations historiques, d’amitié et de coopération » entre les deux pays. Du côté congolais et dans le cadre du programme avec le FMI, le président Denis Sassou N’Guesso a réaffirmé l’engagement de son pays à poursuivre les efforts de réforme sollicitant l’accompagnement de la France dans la réalisation du PND 2022-2026, le plan national de développement pour « une croissance inclusive et un développement durable irréversible ». La situation en RDC a bien évidemment été abordée par les deux hommes d’Etat qui ont condamné « avec fermeté » la présence des groupes armés à l’Est du pays et félicité les efforts de médiation aux niveaux continental et régional. La crise libyenne a aussi été évoquée. Le président congolais y est activement impliqué en sa qualité de président du Comité de haut niveau de l’Union africaine. Une action saluée par Emmanuel Macron qui s’est engagé à accompagner le président congolais dans cette mission. Concernant les  exigences environnementales, les deux Président ont réitéré leurs deux engagements en faveur de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat.

Une étape mémorielle et culturelle : une plongée dans l’histoire commune avec Brazzaville

Le président Denis Sassou N’Guesso  a présenté à Emmanuel Macron un vestige de l’histoire conservé au Palais du Peuple : le micro dans lequel le général De Gaulle lança en juin 1944 l’appel de Brazzaville qui donnait naissance au manifeste de Brazzaville pour la libération de la France. Un moment mémoriel, selon les termes du président Macron. Pendant la conférence de presse, le président Congolais a fait l’éloge des sites qui « forgent » le lien avec la France  : l’Ecole de peinture de Poto-poto où le style Miké (petit en lingala) s’est développé, fondée par Pierre Lods en 1951 dans le quartier populaire  de Poto-poto,  le mémorial Savorgnan  de Brazza un lieu culturel et de mémoire qui célèbre l’explorateur Français et abrite ses restes, le stade Félix Eboué où le souvenir est conservé par une statue par le sculpteur Jonchère devant le stade qui porte son nom. Félix Eboué, dont les restes sont conservés au Panthéon à Paris, a transformé l’A.E.F en une véritable plaque tournante géostratégique, d’où sont parties les premières forces armées de la France libre. Un lien mémoriel avec la France que le Président Emmanuel Macron inscrit dans le cycle des commémorations en 2024 en France. “A Brazzaville qui fut la capitale de la France Libre un mémorial verra le jour pour honorer la mémoire de ces femmes et de ces hommes, ces héros africains, qui n’avaient jamais foulé le sol de l’Hexagone mais ont donné leur vie pour le libérer”, a annoncé le dirigeant Français.

Emmanuel Macron s’est ensuite rendu « Case de Gaulle », en bordure du fleuve Congo, à la rencontre de la communauté française. Un lieu marquant de l’histoire entre les deux pays car le Général y est revenu  à l’occasion de la fameuse Conférence de Brazzaville de 1944. Dès son premier passage dans cette maison, le gouvernement général fit don à de Gaulle de cette maison dont il est devenu le propriétaire légal à titre privé. C’est au moment de l’indépendance que le Général de Gaulle rétrocéda cette maison à l’État français pour servir de résidence à l’ambassadeur de France le 27 octobre 1940. La « Case de Gaulle » fut donc construite à partir de mai 1941, pour servir de « case de passage aux hôtes de marques » et spécialement pour assurer une résidence digne au chef de la France Libre. Depuis le 15 août 1960 la résidence est celle de l’ambassadeur de France

Une nouvelle coopération pour la réhabilitation des infrastructures culturelles en lien avec la France

Le président Français  y  a présenté la nouvelle stratégie de coopération entre la France avec le Congo en matière culturelle et économique. Il a mis l’accent sur la vitalité culturelle des Congolais dans leur pays  et en France dans la littérature citant notamment la rumba congolaise inscrite au patrimoine de l’Unesco, les sapeurs avant de mettre l’accent sur la réhabilitation des infrastructures culturelles, certains lieux de mémoire « en  état de délabrement ». Pour cela, le président Français a annoncé un soutien technique au ministère congolais de la Culture. A  propos des partenariats économiques, Emmanuel Macron a encouragé ses compatriotes au Congo  l’économie à poursuivre des efforts des projets agricoles et dans l’accompagnement des entrepreneurs avant de déplorer la précarité du cadre des affaires, un pan important que les autorités congolaises doivent améliorer pour garantir la sérénité des activités économiques.

Emmanuel Macron n’est resté que quelques heures à Brazzaville avant de s’envoler dans la soirée pour Kinshasa  qui marque la fin de sa tournée en Afrique centrale. Une fin de tournée riche en activités mais sensible en raison des crispations des Congolais de la RDC  sur sa venue à cause du soutien supposé de la France au le Rwanda dans le conflit à l’Est de leur pays. Emmanuel Macron est attendu en  juin à Brazzaville pour prendre part au sommet des trois bassins forestiers où sera officiellement lancée la « Décennie mondiale de l’afforestation », une initiative chère au Président Congolais Denis Sassou N’Guesso.

Carmen Féviliyé

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A propos CARMEN FEVILIYE 808 Articles
Juriste d’affaires Ohada / Journaliste-Communicant/ Secrétaire Générale de l'Union de la Presse Francophone - UPF section France