SIA 2023 – Quel bilan pour l’Afrique en quête de “souveraineté alimentaire”?

Pavillon 5 - Stand du Maroc@AAFC
Pavillon 5 – Stand du Maroc@AAFC
Pavillon 5- Stand de Côte d'Ivoire@AAFC
Pavillon 5 – Stand de Côte d’Ivoire@AAF

Par Carmen Féviliyé @FeeFeviliye

“Nous voulons plus de représentativité, plus de visibilité” a été le souhait des visiteurs et exposants africains au Salon International de lAgriculture  (SIA) face à la pauvreté des stands en produits du terroir et à la faible présence du continent qui compte pourtant 54 pays. Un manquement dû notamment, pour les professionnels africains interrogés, aux refus de visas et aux exigences règlementaires.

Inauguré par Emmanuel Macron le 25 février, la grande ferme de France a fermé ses portes le 5 mars et a attiré 615.204 visiteurs. Un chiffre comparable aux éditions d’avant la crise sanitaire. Selon  Jean-Luc Poulain, président du SIA, 40.000 professionnels et délégations françaises et internationales ont pris part à ce rendez-vous annuel du monde agricole.

L’Afrique dont l’économie est fragilisée par la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, y a pris part, représentée par l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Soudan, le Cameroun, le Sénégal, la Côte-d’Ivoire, le Rwanda et la RDC. Une opportunité pour nouer des partenariats, promouvoir ses terres de bonne qualité, la richesse de ses produits, la diversité de ses régimes alimentaires, ses modèles agricoles, ses innovations et son savoir-faire local. Une présence qui reste toutefois modeste alors que l’objectif actuel de l’Union Africaine est la « souveraineté alimentaire ». Une timidité remarquée entre autre par l’échantillonnage des produits exposés sur les stands des huit pays présents.

Pour certains participants africains au SIA, ce constat pourrait être justifié par les lourdes exigences de la règlementation douanière phytosanitaire qui admet seulement quelques-uns des produits comme les bananes, la noix de coco, le durian, les dattes et l’ananas, par ailleurs largement exposés sur les stands africains.

Pavillon 5 - Stand du Cameroun@AAFC
Pavillon 5 – Stand du Cameroun@AAFC
Pavillon 5 - Représentation de la forêt du Banco - Stand Côte -d'Ivoire@AAFC
Pavillon 5 – Représentation de la forêt du Banco – Stand Côte -d’Ivoire@AAFC

En plus de la volonté politique de certains pays qui a pu faire défaut, « le refus des visas » pourrait expliquer l’absence des entrepreneurs attendus. Une réalité à faire considérer dans la mise en œuvre de la nouvelle politique française des partenariats économiques Afrique-France, présentée le 27 février à l’Elysée à quelques jours de la tournée africaine d’Emmanuel Macron.

Notre Rédaction s’est rapprochée de la douane française pour saisir les contours  de la réglementation phytosanitaire mise en cause. La mesure, en vigueur  depuis 2019, prévoit des exemptions et autorise, sous certaines conditions, l’entrée des végétaux sur le territoire français. L’administration douanière nous a confié le besoin de vulgariser cette réglementation mal comprise et encore peu connue  des professionnels du secteur agricole hors zone union européenne.

Quelles démarches et facilités accordées ?

Elles sont à effectuer  avant le départ avec des exemptions  aux professionnels du secteur agricole. Certains végétaux listés (bananes, noix de coco, durian, dattes, ananas) ne sont pas concernés par la règlementation et sont librement acceptés par la douane française, exemptés de tout contrôle et de tout document.

Stand RDC - Fabrication du jus d'ananas, parmi ls rares fruits admis à la douane française@AAFC
Stand RDC – Fabrication du jus d’ananas, parmi les rares fruits admis à la douane française@AAFC

Pour des considérations sanitaires notamment, l’introduction dans l’Union européenne de végétaux destinés à la plantation est très contrôlée. Une demande de certificat phytosanitaire est demandée  dès le 1er spécimen transporté, avant le départ, depuis le pays d’origine de la marchandise. Elle est adressée au service d’inspection vétérinaire et phytosanitaire aux frontières (SIVEP).

Stand RDC - Echantillons de légumes (patate douce, banane plantain, gombo,) admis à la douane française@AAFC
Stand RDC – Echantillons de légumes (patate douce, banane plantain, gombo,) admis à la douane française@AAFC

La réglementation prévoit par ailleurs des facilités qui sont accordées à certains professionnels par la délivrance des carnets ATA. Ces carnets admettent l’importation et l’exportation temporaire et permettent de participer à des foires expositions, de présenter des échantillons commerciaux ou encore d’utiliser du matériel professionnel, scientifique ou pédagogique.

Ces démarches sont à effectuer avant le départ et demandent un accompagnement. Il est donc  conseillé de  faire recours à un transitaire en douane  ou  de se rapprocher des ambassades de France où il existe des attachés douaniers.

Pour toute question réglementaire : https://www.douane.gouv.fr/fiche/carnet-ata-admission-temporairetemporary-admission


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Juriste d’affaires Ohada / Journaliste-Communicant/ Secrétaire Générale de l'Union de la Presse Francophone - UPF section France