Les pays d’Afrique centrale se sont retrouvés une nouvelle fois les 28 et 29 novembre à Paris pour la deuxième partie de la levée de fonds dédiée à la construction de treize projets intégrateurs dans la région. Une table ronde des donateurs présidée par Jean-Baptiste Ondaye, ministre de l’Economie et des Finances de la République du Congo, en qualité de président du Copil du Pref-Cemac, avec la présence du président de la RCA Archange Touadéra, également président en exercice de la Cemac, intervenant en discours d’ouverture.
« 9,2 milliards d’euros ont été promis à la Cemac, soit 104 % de l’objectif initial de 8,8 milliards d’euros », a déclaré Michel-Cyr Djiena Wembou, secrétaire permanent du Comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac), à l’occasion du communiqué final clôturant la table ronde réunissant bailleurs de fonds, investisseurs internationaux et décideurs de la Cemac.
Une somme importante en Fcfa de 600 mille milliards qui sera allouée à la construction de treize projets représentant le volet « infrastructures » du Programme économique régional (PER), pour développer les échanges commerciaux régionaux, augmenter la transformation locale des ressources naturelles, industrialiser davantage les économies et renforcer leur résilience aux chocs futurs. Déclinés en quatre axes, les projets intégrateurs présentés ont été soumis aux bailleurs venus nombreux qui comptent réaliser la plupart de ces projets en contrats PPP (Partenariat Public-Privé).
Les 7 milliards d’euros manquants largement dépassés
L’objectif de la table ronde de novembre à Paris a été de financer treize nouveaux projets intégrateurs dans la zone Cemac à hauteur de près neuf milliards d’euros. Il restait à trouver 7 milliards d’euros pour finaliser le budget de construction notamment de routes, de ports, de lignes de chemin de fer; de renforcer la production d’énergie, de promouvoir le marché unique et la diversification économique. Un montant largement dépassé aujourd’hui.
Les treize projets sont issus du deuxième programme adopté au terme de la quinzième session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat en mars 2023 à Yaoundé. En effet, suite à la réussite de la mobilisation des fonds du premier rendez-vous avec les partenaires financiers, un second programme a été décidé en vue de renforcer l’intégration physique et commerciale des Etats et de résister aux chocs futurs afin de mieux tirer profit de la zone de libre échange continentale africaine (ZLECAF).
Néanmoins, la poursuite des réformes dans la région reste un préalable : un appel a été lancé par le FMI
En session d’ouverture, le président centrafricain Faustin Archange Touadera a mis en avant les défis d’investissements qui contraignent encore cette région : « En dépit de ses énormes potentialités, la Cemac reste confrontée à des défis qui ralentissent sa marche vers l’émergence. Ces défis sont d’ordre structurel, sécuritaire et environnemental. » Un point également souevé mis par le FMI qui a tenu à rappeler l’importance de poursuivre les réformes économiques et structurelles et de veiller à une meilleure gouvernance eainsi qu’à une gestion assurée des revenus du pétrole.
Une conférence de presse a permis d’apporter des précisions notamment sur le suivi de la faisabilité des projets. Tout en préconisant la mise en place d’un point focal pays, le ministre Ondaye, présidant la table-ronde, a parlé de la création d’une “matrice” pour « retracer les projets de financement”. “Un instrument qui permettrait un meilleur suivi de chaque étape de construction des projets », a-til expliqué.
Sur l’impact des projets sur les populations autochtones vivant dans les forêts du Bassins du Congo, le président de la Copil Pref Cemac a assuré que les projets considéraient déjà le bien-être de ces populations. « D’ailleurs, chaque pays de la zone est bien avancé dans la protection des populations autochtones dont les droits sont connus et respectés. Nos Etats ont fait des efforts, notamment le Congo. Les peuples sont intégrés et demandent à être bien intégrés. Leurs droits sont reconnus et protégés. », a t-il assuré.
Une tournée internationale de promotion auprès des bailleurs de fonds avait précédé la table-ronde
Paris, Bruxelles, Luxembourg et Dubaï, la Cemac avait préparé cette seconde phase de la table ronde sur le financement de ses projets intégrateurs. Une mission de haut niveau en Europe et aux Emirats Arabes Unis assurée par Jean Baptiste Ondaye du 26 juin au 4 juillet 2023 pour mobiliser les financements à l’occasion du second programme de projets intégrateurs de la zone Cemac des 28 et 29 novembre à Paris.
Le premier programme des projets avait été adopté par la Conférence des chefs d’Etat à l’occasion du sommet extraordinaire de Yaoundé en novembre 2019. Les onze projets sélectionnés par le Copil Pref Cemac avaient ensuite été présentés aux bailleurs de fonds à la faveur d’une table ronde organisée à Paris en novembre 2020. Près de 3,8 milliards d’euros pour un montant recherché de 3,3 milliards d’euros avaient alors été mobilisés, et à ce jour, 80% de ces projets ont effectivement démarré.
Concernant la date de la prochaine table ronde, pour l’instant, aucune indication n’a été donnée. Toutefois, la Guinée Equatoriale a manisfesté son intérêt d’organiser la prochaine table ronde en Afrique, notamment à Malabo. Selon la Guinée Equatoriale, le choix de l’Afrique “permettrait aux donateurs de se rendre compte par eux mêmes de l’avancement des projets financés et de “vivre les réalités” sur le terrain”. Prenant bonne note de cette proposition, Jean-Baptiste Ondaye a par ailleurs relevé,justifiant le choix de Paris, que c’était « à celui qui demande de venir vers celui qui donne ». Paris resterait donc le carrefour de cette rencontre de la Cemac. Un choix conforté par plusieurs facteurs, notamment la présence importante des donateurs dans la capitale française.
Carmen Féviliyé