Le Forum Maritime EurAfricain (FoMEA) ou l’accélération du « business bleu » en Afrique

Le Forum Maritime EurAfricain - le logo @EUROMARITIME 2024
Le Forum Maritime EurAfricain – le logo @EUROMARITIME 2024
Les personnalités nobles au FoMEA: Christophe Castaner, George Mba Asseko, Loïc Moudouma; Monica Lopez, responsable des affaires économiques au Gican@salon EUROMARITIME 2024
Les personnalités notables au FoMEA: Christophe Castaner, George Mba Asseko, Loïc Moudouma; Monica Lopez, la responsable des affaires Economiques au GICAN@salon EUROMARITIME 2024

Par Carmen Féviliyé /

Le lancement de la première édition de la rencontre entre l’Europe et l’Afrique sur l’économie maritime, le fluvial et le portuaire a eu lieu le 1er février à Marseille, en France. Un rendez-vous très attendu dédié à l’économie Bleue et au développement maritime en Afrique, deux domaines encore peu exploités sur le continent africain, malgré de notables avancées. Le FoMEA annonce sans aucun doute des perspectives d’investissements prometteurs pour les acteurs du secteur. Atouts, défis, opportunités d’affaires et perspectives de partenariats, autant  de points soulevés pour accélérer le business maritime en Afrique, en présence d’acteurs institutionnels, politiques et représentants d’administration de premier plan, parmi lesquels George Mba Asseko (chef de division Economie bleue à l’Union Africaine) et Loïc Dieudonné Ndinga Moudouma (ministre des Transports, de la marine Marchande et de la Mer du Gabon).

Le principal objectif du forum  a été clairement posé : booster la coopération maritime et portuaire entre l’Europe et l’Afrique. Une stimulation basée sur des partenariats d’investissements gagnant/gagnant adaptés à l’économie bleue africaine, définie par la Banque mondiale comme « l’utilisation durable des ressources océaniques en faveur de la croissance économique, l’amélioration des revenus et des emplois, et la santé des écosystèmes océaniques ».  Lancé par EUROMARITIME, le salon des industries de la mer sous l’égide du GICAN (Groupement des Industries de Construction et Activités Navales) et de la SOGENA (entreprise d’organisation des salons et événement du naval), le FoMEA a regroupé au parc Chanot de Marseille les principaux acteurs africains  du secteur maritime et portuaire de près de 17 pays francophones et anglophones.

Christophe Castaner , présient du Grand port maritime de Marseille et Loïc Moudouma, ministre gabonais des Transports, de la marine Marchande et de la Mer @ EUROMARITIME 2024
Christophe Castaner , président du Grand port maritime de Marseille et Loïc Moudouma, ministre gabonais des Transports, de la marine Marchande et de la Mer @ EUROMARITIME 2024

« Par son positionnement géographique, le Grand port de Marseille symbolise l’ouverture  avec les pays du sud. (…) Il ne s’agit pas d’apporter à l’Afrique, mais de nouer des relations d’affaires dans le secteur maritime. L’important pour un sujet maritime, a été de s’ouvrir à l’International, avec pour cette année, la volonté d’approfondir la relation avec l’Afrique », a expliqué Christophe Castaner, ancien ministre français de l’Intérieur, actuel président du Grand port maritime de Marseille-Fos et président de l’édition 2024 du salon EUROMARITIME qu’il a inauguré. En  matière d’investissements, l’offre africaine riche et variée, constitue un énorme potentiel.  En effet, le contient africain compte 38 pays côtiers et un littoral de plus 47000 km, 64% de superficie du contient étant constitué d’eau. Une immense source de développement pour l’Afrique en quête de diversité économique, qui offre ainsi d’énormes opportunités de partages d’investissements. Devant la presse, Hugues d’Argentré, directeur du salon EUROMARITIME, avait déjà, avant le lancement du forum, invité tous les acteurs de l’économie maritime du continent africain à venir présenter leurs projets de développement et à découvrir les innovations des industriels et start-up du salon EUROMARITIME. Celui-ci  affiche désormais son ambition de devenir un rendez-vous international de référence pour non seulement l’Europe et l’Afrique, mais encore pour les pays du bassin méditerranéen et le Moyen-Orient.

Hugues d'Argentré, directeur (GICAN, SOGENA et EUROMARITIME) conduisant dans les allées du salon son invité de marque, Loïc Moudouma, ministre gabonais des Transports, de la marine Marchande et de la Mer @ EUROMARITIME 2024
Hugues d’Argentré, directeur (GICAN, SOGENA et EUROMARITIME) conduisant dans les allées du salon son invité de marque, Loïc Moudouma, ministre gabonais des Transports, de la marine Marchande et de la Mer @ EUROMARITIME 2024

Le FoMEA matérialise cette dynamique internationale. Il est le résultat de nombreux échanges déjà engagés avec des partenaires maritimes africains pour un un événement consacré à la coopération maritime, à la promotion de l’économie Bleue et au développement maritime en Afrique. Des objectifs concrets sont recherchés pour renforcer ou initier des coopérations maritimes entre les deux continents: mobiliser les acteurs de l’économie maritime africaine et européenne; favoriser la mise en réseau; réunir les porteurs de projets maritimes ; organiser des échanges; soutenir et promouvoir des projets d’avenir par l’écoute des décideurs et experts  impliqués dans le secteur.

La délégation africaine pose les jalons d’un dialogue équilibré gagnant/gagnant

Le FoMEA a été l’occasion d’aborder les différents enjeux dans un contexte d’essor du transport maritime sur le continent africain qui devrait encore s’intensifier dans les  prochaines années. Considéré comme un « accélérateur de business », réseautage, rencontres B2B, tables rondes et keynotes ont été au menu de la première édition du FoMEA. Présentation des atouts et défis du partenaire Africain, description de l’offre européenne par le Gican (l’acteur et promoteur de l’économie bleue), les échanges ont été directs et sans complexe sur des problématiques déjà pris à bras-le-corps en Afrique : insécurité maritime, cadre règlementaire et sa mise en oeuvre, financement, infrastructures portuaires, exploitation durable des ressources halieutiques, et bien d’autres.

Représentant l'Union africaine, George Mba Asseko a introduit le FoMEA en sa qualité de directeur de l'Economie bleue au sein de l'organisation africaine @ EUROMARITIME 2024
Représentant l’Union africaine, George Mba Asseko a introduit le FoMEA en sa qualité de chef de division Economie bleue au sein de l’organisation africaine @ EUROMARITIME 2024

George Mba Asseko, chef de division Economie bleue au sein de l’Union Africaine – UA (organisation intergouvernementale d’États africains créée en 1963 à Addis abeba en Ethiopie), intervenant en ouverture des débats, a posé ses premiers mots en parlant sans détours. ” Travailler l’argent” ou “Faire du business » est l’un des objectifs affiché de l’UA au FoMEA. Avant de mettre en avant  les besoins en expertise et en formation, George Mba Asseko a pointé du doigt  l’épineux problème du financement qui demeure. Pour le directeur de l’économie Bleue au sein de l’organisation africaine, les mécanismes de financement des projets doivent ête à la portée de tous. Un appel qu’il a lancé pour un dialogue avec “le secteur privé impliqué dans l’économie Bleue » et la participation  “forte et massive” de la diaspora africaine, invitée à réfléchir sur des mécanismes simplifiés de financement des projets dans le domaine.

 « Notre intérêt à être à ce forum a tout son sens : les Africains cherchent les voies et moyens pour le développement de l’économie Bleue », a affirmé en propos de clôture, Loïc Moudouna, ministre gabonais des Transports, de la Mer et de la Marine Marchande. « Le concret » a été le maître-mot du ministre gabonais qui a insisté sur « l’évaluation du forum », posant d’autres jalons dans le dialogue engagé : démystifier le financement des projets, promouvoir l’embauche et la formation du personnel local, assurer sûreté et sécurité sur les côtes, améliorer la gouvernance maritime.

Le ministre Loïc Moudouma et Hugues d'Argentré entourés des membres la délégation gabonaise @ EUROMARITIME 2024
Le ministre Loïc Moudouma et Hugues d’Argentré entourés des membres la délégation gabonaise @ EUROMARITIME 2024

L’équilibre recherché demande un partage. L’Afrique a beaucoup à apporter, mais plusieurs défis lui résistent. Le panel « Regards croisés sur les domaines développement de l’économie Bleue, port, transport, énergies marines renouvelables, pêche », modéré par Yann Alix, délégué général de la fondation Sefacil,  a permis de démontrer que le fluvial pourrait être une vraie solution de développement. Primordiale, la connaissance efficace des marchés resterait le préalable avant leur régionalisation et internationalisation. Parlant de la Zlecaf (Zone de libre-échange africaine), la quantité, la qualité et la diversité des marchandises et industries seraient un atout, notamment pour le trafic maritime présenté comme le plus propice, à condition d’améliorer  l’interconnexion des corridors et des populations.

Joseph Nguene Nteppe, directeur du Port Autonome de Douala (PAD) au Cameroun pendant son intervention @ EUROMARITIME 2024
Joseph Nguene Nteppe, directeur du Port Autonome de Douala (PAD) au Cameroun, pendant son intervention @ EUROMARITIME 2024

Concernant l’exploitation des ports, « véritables instruments de développement économique et de souveraineté nationale », Joseph Nguene Nteppe, directeur du Port Autonome de Douala (PAD) au Cameroun, a notamment mis l’accent sur la bonne gouvernance. Pour lui, «  le rôle des autorités portuaires africaines doit être refondé et renforcé ». En outre, répondre aux nombreuses opportunités d’affaires offertes par les ports africains et prétendre accélérer l’investissement portuaire nécessaire à l’atteinte des performances recherchées, exige le recours aux contrats de partenariats public-privés  (P.P.P) portuaires. Sur le terrain du port de Douala, des défis quotidiens sont à enrayer : pillage des ressources halieutiques, difficulté d’accès à l’énergie malgré la mise en place d’une politique de production autonome, digitalisation, etc. Toutefois, la mue des ports d’Afrique est en marche.  Des succès comme Lomé, Tanger et Djibouti aujourd’hui pourraient galvaniser les concurrents, pour le plus grand bonheur du consommateur et de l’exportateur africains.

La table ronde " Regards croisés sur les domaines de développement de l'économie bleue (port, transport, énergies marines renouvelables,pêche) animée par Yann Alix , délégué général dela fondation SEFACIL@ EUROMARITIME 2024
La table ronde ” Regards croisés sur les domaines de développement de l’économie Bleue (port, transport, énergies marines renouvelables,pêche) animée par Yann Alix , délégué général dela fondation SEFACIL@ EUROMARITIME 2024

Le cadre sécuritaire, l’épine dorsale du secteur,  reste peu maitrisé

« La sécurité le long des côtes africaines connait encore de nombreux défis” a affirmé Hakim Sinare, invité du ministère de la sécurité Nationale du Ghana, alertant sur les enjeux sécuritaires du littoral africain. Parmi les challenges au Ghana, similaires aux autres pays africains, le trafic des armes, les enlèvements, la pêche illégale et l’immigration illégale sont les plus notables. Le financement pour s’équiper et des partenariats pour la protection des frontières maritimes, fluviales et portuaires seraient des atouts majeurs.

A l’échelle africaine, les participants ont relevé d’autres entraves et besoins non moins importants pour contribuer à l’émergence du continent :  pêche excessive et autres activités humaines non durables, absence de prospérité partagée, besoin en digitalisation, quasi absence de capitaux privés, besoin en terminaux aménagés et spécialisés (pour attirer des sociétés industrielles), en paquebots de croisière (afin de contribuer au développement du tourisme), en construction et réparation navale adaptées aux besoins du continent, en déserte des ports en eaux profondes, en développement technologique.

L'honorable Hakim Sinare, CEO au ministère de la sécurité nationale du Ghana répndant aux questions de Carmen Féviliyé après son intervention sur la situation sécuritaire le long des côtes africaines@ EUROMARITIME 2024
L’honorable Hakim Sinare, CEO au ministère de la sécurité Nationale du Ghana répondant aux questions de Carmen Féviliyé, après son intervention. @ EUROMARITIME 2024
Le ministre Loîce Moudouma du Gabon mettant le point final à la première édition du FoMEA avec des propos forts @ AAFC
Le ministre Loïc Moudouma du Gabon mettant le point final à la première édition du FoMEA sur des propos forts @ AAFC

Rendez-vous avant tout professionnel, parmi les réseaux d’affaires présents au FoMEA, Africalink, partenaire de l’événement (communauté d’entrepreneurs d’Afrique, de Méditerranée et d’Europe) et Africa SMB Forum (plateforme d’interconnexion et de financement des PME en Afrique, fondée et dirigée par l’homme d’affaires Dogad Dogoui. Denis Bergé, délégué général du réseau Africalink a dit sa satisfaction et son enthousiasme à soutenir les objectifs du forum maritime eurafricain par des contrats qui vont y résulter. Un premier pas dans le pragmatisme recherché par les participants. Pour Hugues d’Argentré, directeur du salon EUROMARITIME, ce fut « une première expérience satisfaisante et encourageante. Une  base solide pour les prochaines éditions ». Après la France, la prochaine édition pourrait se tenir au Gabon, pays partenaire de la première édition 2024, avec le ministère des Transports, de la Mer et  de la Marine marchande et le soutien de l’Office des ports et rades du Gabon. Quelques pays n’ont pu participerau forum faute de délivrance de visas.

Dédié à la promotion de l’économie Bleue, au développement maritime et portuaire en  Afrique, le FoMEA s’inscrit dans le long terme par une organisation tournante en Afrique. Il  se positionne désormais comme le rendez-vous incontournable dans l’agenda international du secteur maritime et portuaire entre l’Europe et l’Afrique. 

Quelques participants du FoMEA posant pour la fin du forum avec leur hôte, Hugues d'Argentré (à l'xtrême droite) @ EUROMARITIME 2024

Quelques participants au FoMEA posant pour la fin du forum avec leur hôte, Hugues d’Argentré (à l’xtrême droite) @ EUROMARITIME 2024

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A propos CARMEN FEVILIYE 808 Articles
Juriste d’affaires Ohada / Journaliste-Communicant/ Secrétaire Générale de l'Union de la Presse Francophone - UPF section France