Une contribution à l’occasion de la Journée internationale de la femme Africaine, célébrée le 31 juillet dans le monde.
Par Lydie-Patricia Ondziet – Présidente de l’association la Trinité
Membre de l’Association Panafricaine d’Aquitaine
Membre de la Plateforme des Associations Féminines de Développement
C’est dans un contexte de crise sanitaire mondiale, dominée par la pandémie du covid-19, que le continent africain célèbre ce 31 juillet 2020, la journée internationale de la femme africaine (JIFA). En effet, cette journée se tient chaque année en guise de reconnaissance aux contributions et réalisations des femmes africaines au développement et à la libération de l’Afrique. À cet effet, elle tire son origine de la première conférence des femmes africaines tenue le 31 juillet 1962 à Dar es Salaam (Tanzanie) et a été officiellement consacrée à l’occasion du premier congrès de l’Organisation panafricaine des femmes qui s’était tenu à Dakar, au Sénégal, le 31 juillet 1974. C’est dans un esprit déterminé et combatif que les femmes africaines se préparent à commémorer cette journée.
Toutefois, il est évident que les échanges se feront autour de la pandémie du Covid-19, car nous ne restons sans ignorer que ce fléau continuera à hanter les esprits tant qu’un remède ne sera pas trouvé. Les thèmes célébrés cette année étant au niveau régional « l’Unité dans la diversité : lutte contre le racisme et la pandémie de Covid-19 à travers l’autonomisation des femmes » et au niveau national « la contribution de la femme africaine à la gestion de la pandémie à coronavirus Covid-19 ». Le
coronavirus a changé la vision du monde si bien que aucune analyse, aucun travail ne peut se faire sans tenir compte de ce fléau.
Le point sur la pandémie
En Afrique, le rôle de la femme Africaine d’hier et d’aujourd’hui dans le développement du continent et femme d’Afrique espoir du continent. Toutefois les femmes ne manqueront pas d’évoquer toutes les autres crises dont celle du racisme qui occupe également l’espace médiatique.
La pandémie est apparue à un moment où les perspectives étaient prometteuses pour beaucoup de pays africains. En effet, en début de cette année, l’Afrique a commencé à poursuivre son développement économique. Des progrès non négligeables ont été enregistrés dans la réduction de la
pauvreté et au niveau des indicateurs de santé. Les technologies et l’innovation gagnant de plus en plus de terrain sur le continent.
Les jeunes Africains étant les premiers à adopter les nouvelles plateformes telles que celles de l’argent mobile. Des progrès ont été également accomplis dans les domaines de l’unité politique et de l’intégration économique. L’entrée en vigueur de la zone de libre échange continentale africaine (ZLECAF) en mai 2019 devait stimuler le commerce entre les pays de l’Afrique dans une proportion pouvant atteindre 25% d’ici à 2040. Plusieurs élections devaient se tenir en 2020.
Cependant comme d’autres régions du monde, l’Afrique devait relever de grands défis. Elle n’était pas encore en voie d’atteindre des objectifs du programme 2030 et l’Agenda 2063, une diversification économique insuffisante, une gouvernance faible, des difficultés sur le plan humanitaire, des situations de conflit entre autres, continuaient de fragiliser le progrès. C’est dans ce contexte que les pays africains font face à la pandémie de Covid-19. Toutefois pour le moment et par rapport aux autres continents, la situation n’a pas atteint les proportions catastrophiques.
Le rôle de la femme Africaine d’hier dans le développement
De tout temps, la femme Africaine à toujours joué un rôle important dans la société. Durant la grande époque de l’Afrique impériale, que certains historiens situent entre 300 à 1500 apr. J.-C., le rôle prépondérant de la femme Africaine s’est révélé à travers le matriarcat, système politico-social instauré pratiquement dans toute l’Afrique.
En effet, avant l’esclavage et la colonisation, la femme africaine était une actrice considérable dans les institutions politiques, sociales, économiques et religieuses, dans lesquelles elle occupait des postes à haute responsabilité (chef d’armée, guerrière, reine, impératrice, prêtresse…), contrairement à l’occident qui n’avait pas encore atteint ce degré d’émancipation.
Nous avons un exemple en France Olympe de Gouges, femme de lettres et femme politique française, considérée comme l’une des pionnières du féminisme français, était guillotinée le 3 novembre 1793 pour avoir rédigé une déclaration des droits de la femme.
C’est l’administration coloniale qui va apporter un changement
décisif dans l’organisation sociétale africaine et dans le rapport des genres. Ayant compris le rôle et l’impact de la femme dans les sociétés ancestrales africaines, elle va réduire à outrance la participation active de cette dernière.
La femme Africaine d’aujourd’hui
Malgré l’adoption de plusieurs conventions internationales et de protocoles qui réaffirment l’égalité des sexes, la discrimination et les préjugés freinent encore l’émancipation des femmes sur le continent africain. Dans la plupart des secteurs d’activité, les femmes peinent encore énormément à faire reconnaître leur droit.
Dans le domaine de l’éducation, même si des progrès ont été accomplis, il reste encore beaucoup à faire. Le ratio filles/garçons dans l’enseignement secondaire a à peine progressé au cours des 18 dernières années, passant de 76 filles pour 100 garçons à 79. Dans l’enseignement supérieur, on compte seulement 68 filles pour 100 garçons. Des chiffres qui démontrent que même si une évolution est observée, le continent africain dans son ensemble peine à atteindre l’égalité des sexes en matière d’accès à l’éducation.
L’Afrique demeure le continent qui enregistre le taux de croissance économique et démographique le plus important au monde. Un essor économique qu’il est aujourd’hui impossible d’ignorer et dont les
femmes Africaines sont en grande partie responsables, malgré les difficultés.
En effet même si des progrès considérables ont été observés de part et d’autre du continent en matière d’égalité des sexes, de nombreux défis persistent. L’éducation, l’accès aux soins de santé, la représentation politique ou encore les conditions de travail constituent quelques-uns d’entre eux.
Femmes d’Afrique, espoir du continent
Néanmoins, la femme Africaine reste malgré tout la personnification de l’espoir. Elle représente pour le continent non seulement une force, mais aussi une opportunité. En effet, le taux de l’entrepreneuriat féminin est plus élevé en Afrique que dans d’autres régions du monde. C’est également un pays africain, en l’occurrence le Rwanda, qui détient le plus fort taux de représentation féminine au parlement.
La capacité d’entreprendre des femmes, leur force d’entraînement et l’apport de leur activité dans l’économie informelle pour l’ensemble de l’économie sont autant de facteurs susceptibles de favoriser une reprise plus forte, plus rapide et plus équitable.
Pour exploiter ce potentiel, il est essentiel de procéder à des investissements ciblés. N’oublions pas également le rôle important qu’elles ont pu jouer lors du confinement. Malgré toutes les difficultés qu’elles ont pu rencontrer, elles ont été de véritables actrices dans tous les domaines.
L’Afrique devrait tenir compte du leadership féminin, car c’est un véritable facteur essentiel contributif au développement dans les pays africains. À cet effet, la résolution 1325 du conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la sécurité et la paix qui a été prise en 2000 demande à ce qu’il y ait plus de femmes dans des postes de prise de décision. En effet, la femme par ses qualités est soucieuse de la bonne gouvernance, la paix.
Nous pouvons affirmer que ces qualités sont relatives à la tempérance,
la réconciliation, à la non-violence et tout cela est favorable au règlement et la gestion des conflits sur le continent.
@Photos de groupe des femmes membres de la plateforme des Associations féminines de développement des 12 départements du Congo: Lydie-Patricia Ondziet, Marie Chantal Nkodia, Brigitte Manckoundia, Léonie Rose Mateta, Mireille Opa Elion, Henriette Miere Moankie, Paulette Nzila, Michelle Ouamba Awola, Berthe Doukoro, Jeanne Youmbere, André Marie Gertrude Kani, Amélie Liliane Mwanbondzi.