La communauté internationale ainsi que les autorités libyennes étaient réunies à Paris le 12 novembre pour tenter de résorber la crise du pays et le conduire vers des élections stables. Une déclaration finale de 27 résolutions a été rendue publique par Emmanuel Macron, président Français, Angela Mekel, chancelière de la République d’Allemagne et Mario Draghi, président du Conseil des ministres d’Italie, lors d’une conférence de presse conjointe à l’issue de la session plénière à huis-clos, appelant aux élections libres, apaisées et crédibles ainsi qu’au respect des droits de l’Homme.
Quelles réalités pour la présidentielle et les législatives dans un pays plongé dix années durant dans le chaos? Une aussi longue période d’incertitude « suscite le doute », comme l’a mentionné Emmanuel Macron, pour qui les « violences », « l’instabilité » et « les divisions » qui ont régné dans le pays, justifient sans aucun doute « l’opposition de tous ceux qui redoutent le changement démocratique et de tous ceux qui sont devenus les profiteurs de guerre ». Néanmoins, il reste que « tous les Libyens sont d’accord pour dire qu’il y aura des élections le 24 décembre”, a assuré Mohamed Al-Manfi, le président du Conseil présidentiel libyen, présent à Paris. « Organiser les élections simultanément à la date prévue est un objectif historique que nous allons nous efforcer de réaliser », a pour sa part renchéri et maintenu le Premier ministre, Abdelhamid Dbeibah.
La conférence ayant été élargie aux pays voisins de la Libye, la présence de Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, a été remarquée. Le président de la RDC, Félix Tshisekedi Tshilombo, en sa qualité de président de l’Union africaine a été représenté par Christophe Lutundula Apala, vice-premier ministre et ministre des affaires Etrangères de la RDC. Le président de la République du Congo, Denis Sassou N’Guesso, également président du Comité de Haut Niveau de l’Union africaine pour la Libye, a pris la parole dans une allocution mettant en avant les avancées et les souhaits de l’Union africaine dans le dossier libyen.
« Le continent africain gagnerait en termes de sécurité avec l’avènement de cette Libye nouvelle »
Les premiers mots de Denis Sassou N’Guesso ont été pour les politiques libyens dont il a salué « les actions convergentes du Conseil présidentiel, du gouvernement d’Unité Nationale et de toutes les institutions politiques de la transition pour les avancées significatives obtenues en peu de temps. » Denis Sassou N’Guesso a appelé, dans sa prise de parole, à renforcer le soutien à la Libye, car « l’enjeu est au retour à une Libye unifiée, stable et prospère », précisant que le continent africain « gagnerait en termes de sécurité, avec l’avènement de cette Libye nouvelle, qui aura repris toute sa place dans le concert des nations ». Concernant l’organisation des élections, le président du Comité de Haut Niveau de l’Union africaine pour la Libye a insisté sur « un esprit de consensus », qui garantirait la stabilité du pays.
L’Union africaine s’engage à poursuivre son accompagnement dans le dialogue
Concernant les actions menées par le Comité qu’il dirige au nom de l’Union africaine, Denis Sassou N’Guesso a décrit les avancées diplomatiques dans le cadre d’une mission d’information en Libye : « (…), j’ai commis, du 18 au 21 octobre 2021, une mission d’information en Libye (…) La mission a eu de larges échanges avec les plus hautes autorités de la Transition basées à Tripoli. Ces échanges ont été instructifs à tous égards ». Denis Sassou N’Guesso n’a pas manqué de rappeler la participation de l’Union africaine à la conférence de Berlin sur la Libye en janvier 2020, ces deux rendez-vous marquant et justifiant l’engagement du Comité à « poursuivre son accompagnement dans la voie de l’approfondissement de la culture du dialogue, de la tolérance mutuelle et de l’acceptation réciproque ». Des actions par ailleurs bien appréciées dans la déclaration finale des parties prenantes à la Conférence, en ces termes : « Nous saluons les efforts déployés par les pays voisins pour aider les Libyens à rétablir la stabilité de leur pays, notamment en activant l’accord quadripartite de gestion des frontières entre la Libye, le Soudan, le Tchad et le Niger, ainsi que les efforts déployés par l’Union africaine et la Ligue des États arabes ».
Les attentes du Comité de Haut Niveau de l’Union africaine pour la Libye : stabilité et sécurité des pays voisins
L’Union africaine appelle d’abord à consolider le cessez-le-feu, à unifier les institutions militaires, et à respecter l’embargo sur des armes. Denis Sassou N’Guesso a aussi mis l’accent le retrait, “sans préjudice collatéral pour les pays voisins, des forces étrangères et mercenaires de tout bord”, une attente indissociable à la réconciliation recherchée, à la “stabilité, l’unité et la prospérité de la Libye.”Les pays voisins espèrent à la réconciliation nationale par le moyen des « rencontres avec les chefs des tribus » et le « recours à la justice traditionnelle. » Cette stratégie conduirait à une « plus large adhésion des libyens » au processus de réconciliation, ce qu’a préconisé Denis Sassou N’Guesso dans son allocution.
La déclaration finale met l’accent sur le maintien des élections en décembre, le respect du droit international humanitaire et celui des droits de l’Homme
En tout 25 résolutions pour conduire à des élections « crédibles », refusant toute ingérence étrangère dans les affaires de la Libye, et appelant toutes les parties prenantes à s’engager véritablement en faveur de la réconciliation nationale et à soutenir les efforts réalisés par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye, pour promouvoir un dialogue défini et mené par les libyens de façon inclusive.
Sur les prochaines échéances politiques, la communauté internationale a appelé à l’organisation d’élections présidentielles et législatives « libres, régulières, inclusives et crédibles » le 24 décembre 2021, comme prévu dans la feuille de route politique libyenne. Les parties prenantes ont interpellé sur l’acceptation des résultats des élections. Des sanctions en cas de non- respect sont prévues car il en va de la crédibilité de la nouvelle constitution permanente qui doit recueillir une large approbation de la population libyenne. Les Parties ont donc encouragé à la promotion d’une participation effective et égale des femmes et de la jeunesse libyenne. Face à la menace terroriste, elles ont exprimé leur soutien au « retrait des mercenaires, des combattants étrangers et des forces étrangères du territoire libyen ».
Nous nous engageons à condamner toutes les violences et les mauvais traitements à l’encontre des migrants, les actes de trafic illicite de migrants et de traite des êtres humains
« Nous rappelons qu’il est urgent de mettre un terme à toutes les violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’Homme en Libye, et de garantir à tous un accès à la justice, en particulier aux femmes et aux filles pour les questions de violences sexuelles et sexistes ». C’est ainsi que s’est articulée la condamnation ferme de traite des êtres humains et de mauvais traitements à l’encontre des migrants, une interpellation pour inciter les libyens à signaler les violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire.
Un entretien téléphonique hier 15 novembre, entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, pour le suivi des résultats en Libye
Un échange au cours duquel le président de la République française a remercié la Russie pour sa participation constructive à la conférence internationale du 12 novembre sur la Libye. Les deux chefs d’Etat sont convenus de travailler étroitement ensemble sur le suivi de ses résultats, sur l’organisation des élections et pour le départ des mercenaires étrangers. Un entretien entre les deux puissances qui démontre la détermination de la communauté internationale, particulièrement du président Français pour qui “la transition libyenne doit être menée à son terme et les élections se dérouler dans les meilleures conditions possibles », car « les six semaines qui viennent sont déterminantes”, selon ses mots en clôture de la Conférence.
Carmen Féviliyé
Angela Merkel, chancelière de la République d’Allemagne en session plénière des parties prenantes à la conférence internationale pour la Libye à Paris@AAFC