Coopération mondiale – Joseph Biden à Paris : la France et les Etats-Unis favorables à davantage de participation de l’Afrique aux institutions internationales

Joseph Biden et Emmanuel Macron face à la presse le 8 juin à l'Elysée@AAFC
Joseph Biden et Emmanuel Macron face à la presse le 8 juin à l’Elysée@AAFC

Apres les commémorations du 80è anniversaire du débarquement de Normandie, le président américain a été accueilli par son homologue Français, Emmanuel Macron pour une visite d’Etat ponctuée entre-autre notamment par une déclaration à la presse et un diner d’Etat le 8 juin au palais de l’Elysee. Devant les journalistes, les deux hommes d’Etat ont dévoilé leur stratégie commune face aux enjeux globaux. Concernant l’Afrique, la situation sécuritaire et humanitaire a été évoquée ainsi que l’entrée de l’Union africaine (UA) comme membre permanent du G20 dont la tenue du prochain sommet est annoncée, sauf changement,  pour les 18 et 19 novembre 2024 au Brésil. L’adhésion permanente au G20 est un signal fort de la montée de l’Afrique  

La France et des Etats-Unis ont réaffirmé leur ferme volonté de travailler en partenariat avec les pays africains sur les priorités mondiales communes, notamment la croissance économique mondiale solidaire, la lutte contre la crise du climat, la transformation numérique, la bonne gouvernance et la sécurité, la sécurité alimentaire et la santé mondiale.

Sur la réforme du Conseil de sécurité, les deux pays s’attachent à l’élargissement de l’organe exécutif de l’ONU pour que les régions sous-représentées, notamment les États africains, puissent davantage y participer. La France et les Etats-Unis sont convaincus qu’il est possible d’augmenter le nombre de membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité. Emmanuel Macron et Joseph Biden se sont par ailleurs félicités de l’entrée de l’Union africaine comme membre permanent du G20 et ont émis la volonté d’œuvrer avec les pays africains à ce que ces derniers soient pleinement représentés au sein des institutions internationales.

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Une pression en faveur de l’adhésion de l’Afrique au G20

L’Afrique représente un enjeu géopolitique majeur, en particulier dans le contexte mondial actuel. En tant que membre à part entière du G20, l’UA pourra représenter un continent qui héberge la plus vaste zone de libre-échange du monde grâce à sa jeune population de 1,3 milliard de personnes projetée de doubler en 2050. Basée à Addis-Abeba, capitale de l’Éthiopie, l’UA compte 55 membres avec 1,4 milliard d’habitants et un cumul de PIB atteignant 3 000 milliards de dollars. Ce qui placerait l’UA au huitième rang des membres du G20.

En décembre, le président américain Joe Biden avait déjà émis le souhait que l’UA rejoigne le G20 en tant que membre permanent, assurant que « cela allait se faire ». « Nous pensons que la voix de l’Union africaine renforcera le G20 », avait commenté son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, lors d’un briefing sur les priorités américaines au sommet.

L’ancien président sénégalais Macky Sall, par ailleurs invité au dîner d’Etat en l’honneur du Joseph Biden le samedi 8 juin au palais de l’Elysée, affirmait dans le cadre des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, en France, en juillet 2023, que l’octroi d’un siège permanent au G20 permettrait de « réparer une injustice ». Christine Lagarde avait pour sa part insisté pour que l’Afrique ait plus de poids au sein des institutions financières. Après la décision de l’entrée de l’UA au sein du G20,  le président de la Zambie, Hakainde Hichilema avait déclaré que « l’adhésion permanente de l’Afrique au G20 signifie qu’elle a été reconnue comme un acteur clé du paysage économique mondial », ajoutant que « les pays africains devraient maintenant tirer parti de cette position pour accélérer le développement de leurs économies et de leurs jeunes populations »

L’enjeu sera donc pour l’UA de trouver les moyens de peser dans ses instances, alors qu’elle est régulièrement appelée à gérer les multiples crises et les soubresauts qui traversent son continent.

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La Situation sécuritaire et humanitaire reste néanmoins préoccupante

La France et les Etats-Unis soutiennent également les efforts des organisations régionales et des partenaires africains pour asseoir la paix, la stabilité et la bonne gouvernance dans la région, tout en réalisant des investissements dans le développement durable et solidaire, le capital humain et les infrastructures, vecteurs clés de la croissance économique. Toutefois, les deux pays sont vivement préoccupés par la détérioration de la gouvernance, de la sécurité et de la situation humanitaire au Soudan, au Sahel, dans la région des Grands Lacs et dans le cadre d’autres crises.

Ils condamnent fermement les violations incessantes des droits de l’homme commises par de nombreux acteurs, notamment des supplétifs de la Russie et des forces armées nationales, le rétrécissement de l’espace démocratique et la montée de la désinformation.

Concernant la situation en République Démocratique du Congo (RDC),  la France et les États-Unis appellent tous les belligérants à cesser immédiatement les hostilités, demandent au Rwanda de se retirer et de cesser son soutien au Mouvement du 23 mars (M23), à la RDC de cesser toute collaboration avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda et d’autres groupes armés, et à l’ensemble des parties prenantes de respecter le droit international humanitaire.

Les deux chefs d’Etats saluent la médiation africaine pour la résolution des conflits

Les présidents continuent d’être favorables aux efforts diplomatiques régionaux et saluent notamment la médiation conduite par le président de l’Angola, Joao Lourenço, appelant toutes les parties à la désescalade, à la protection des populations civiles et à un dialogue constructif permettant de créer les conditions d’une solution négociée menant à une paix durable. Ils s’engagent d’autre part à se consulter sur leurs approches respectives en Afrique de l’Ouest, notamment au Sahel, résolus à faire progresser les efforts de médiation pour trouver une solution politique à la crise soudanaise ainsi qu’à soutenir la fourniture d’une aide humanitaire vitale et durable en quantité plus importante à la population soudanaise.

Carmen Féviliyé

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A propos CARMEN FEVILIYE 817 Articles
Juriste d’affaires Ohada / Journaliste-Communicant/ Secrétaire Générale de l'Union de la Presse Francophone - UPF section France