Le vendredi 25 juillet 2025, au Palais des Congrès de Brazzaville, s’est déroulée une cérémonie solennelle au cours de laquelle le Président de la République, Denis Sassou N’Guesso, a décoré le Professeur Théophile Obenga à la dignité de Grand‑Croix dans l’Ordre national du Mérite congolais
Une distinction exceptionnelle
Une distinction exceptionnelle qualifiée d’hommage anthume pour un événement qui a réuni les membres des institutions constitutionnelles, le corps diplomatique, des représentants du monde académique ainsi que des étudiants et chercheurs.
Le colonel Norbert Okiokotina, Grand Chancelier des ordres nationaux, a lu le décret présidentiel avant que le chef de l’État ne l’élève officiellement en ces termes : « Pr Théophile Obenga, au nom de la République, nous vous élevons à la dignité de Grand‑Croix dans l’ordre national du mérite congolais avec toutes nos félicitations »
Un parcours académique et intellectuel bien reconnu, professeur pluridisciplinaire, Théophile Obenga a construit une œuvre d’envergure couvrant la linguistique, l’histoire, la philosophie, l’égyptologie et la sémiologie africaine. Auteur d’une cinquantaine d’ouvrages et d’une centaine d’articles, il incarne une figure phare du savoir panafricain et de la réappropriation intellectuelle du passé du continent, notamment de l’Egypte antique
Allocution marquante et un appel à la jeunesse
Parlant au nom de la communauté scientique, la ministre de l’Enseignement supérieur, Delphine Edith Emmanuel, a salué un événement inédit dans l’histoire du Congo, soulignant la trajectoire exemplaire du récipiendaire, depuis Mbaya jusqu’à ses missions à l’échelle internationale.
Prenant la parole, Théophile Obenga a remercié le chef de l’État, soulignant que cet hommage représente un accomplissement et un moment de plénitude. Visiblement ému, Théophile Obenga a remercié les autorités pour cette reconnaissance, tout en adressant un message fort à la jeunesse africaine éveillée à laquelle il a dédié la cérémonie: « Nous devons aimer nos langues, notre histoire, nos traditions, car ce sont elles qui fondent notre identité. Le savoir est une arme pacifique pour libérer les peuples. »
Ce moment d’hommage a également été ponctué par une série d’allocutions et d’interventions artistiques rendant hommage à son œuvre, ainsi qu’une exposition retraçant les grandes étapes de sa vie intellectuelle.
D’une signification symbolique et de portée nationale, cette distinction, accordée à titre exceptionnel du vivant de l’historien, est saluée comme une consécration remarquable de sa contribution au rayonnement académique et culturel du Congo.
Une carrière exceptionnelle
À 88 ans, Théophile Obenga continue de rayonner par l’ampleur de ses travaux. Ancien collaborateur de Cheikh Anta Diop, il est reconnu dans le monde entier pour sa contribution au rétablissement de la place de l’Afrique dans l’histoire des civilisations, en particulier par ses recherches sur l’unité culturelle et linguistique des peuples africains. Son œuvre scientifique est une référence majeure dans les milieux universitaires africains et afro-descendants.
Durant la cérémonie, plusieurs hautes autorités de l’État, représentants d’universités, diplomates, personnalités du monde académique et admirateurs de son travail ont salué son engagement au service de la science, de l’histoire et de la conscience africaine.
Un symbole vivant de la mémoire panafricaine
La décoration du Professeur Obenga s’est faite en présence de nombreux étudiants et chercheurs, venus honorer un homme devenu un symbole de la mémoire panafricaine et de la résistance intellectuelle à la colonisation historique des savoirs. Le ministre de la Culture a souligné que « le Professeur Obenga fait partie de ces rares figures qui ont su remettre l’Afrique debout dans l’histoire universelle ».
Cette décoration vient rappeler à tous que l’Afrique possède ses propres bâtisseurs de pensée, dont l’héritage doit être transmis, enseigné et protégé pour les générations futures.
Au-delà de la personne du Professeur Obenga, la République du Congo a ainsi voulu valoriser une démarche intellectuelle tournée vers la restauration de la dignité historique africaine, dans une perspective d’éducation, de souveraineté et de transmission générationnelle.
Carmen Féviliyé
