Congo – Fespam 2023 : les origines du jazz débattues au symposium

Le chercheur en histoire et civilisations anciennes, Arsène Francoeur Nganga, a exposé au symposium de la onzième édition du Festival panafricain de musique (Fespam) sur le thème « De la danse du nombril au jazz et à l’émergence de la musique des Etats-Unis d’Amérique ».

Louis Armstrong
Louis Armstrong

Dans son exposé, le conférencier Arsène Francoeur Nganga, a rappelé que c’est à partir de la fin du XVsiècle et jusqu’au XIXe siècle que des millions d’Africains furent embarqués de force sur la côte atlantique et sur la côte australe du continent africain. L’embarquement forcé et la traversée de ces captifs sur l’océan atlantique pour les Amériques  se sont déroulés sous la forme d’un drame humain d’une ampleur historique inégalée. Ainsi, la rencontre des populations de différentes tribus africaines à favoriser le processus d’hybridation et dynamiser le métissage pour donner cours aux plus virtuoses créations artistiques. Pour le conférencier, Herskovits a fait valoir le contraire qu’il n’était pas possible de comprendre et d’apprécier la culture afro-américaine sans comprendre ses liens africains et ses retombées appelées africanismes.

Il a indiqué également que des auteurs comme Monk ont considéré le jazz comme étant une musique d’origine européenne. Sur l’origine du jazz, Arsène Francoeur Nganga s’est basé sur la danse du nombril et les autres danses de la place dite “Congo Square” considéré par plusieurs auteurs comme étant le lieu du degré zéro du jazz. Il a débuté son étude par une présentation historique de la colonie de Louisiane, espace territorial abritant la place dite “Congo square” ou lieu de naissance du jazz. Ensuite, il a analysé la place dite “Congo Square” et ses musiques et danses. Enfin il s’est basé sur la célèbre danse du nombril et autres pour chercher les liens et établir les origines singulières ou plurielles du jazz.

Pour le conférencier, les premiers esclaves importés d’Afrique en Louisiane coloniale arrivent entre 1717 et 1721, soit près de six mille Africains. Ces Africains sont généralement considérés comme étant pour la plupart des Bambara, Malinkés, Wolofs et Sérères de la Sénégambie. Plusieurs historiens ont donné chacun sa version contradictoire. Les deux tiers des captifs étaient concentrés à la Nouvelle Orléans d’après l’historienne Gwendolyn Midlo Hall. Par contre, Albert Valdman, situe le début de l’arrivée des esclaves africains en 1719 et les premiers quatre-cent-cinquante captifs étaient originaires de la baie du Benin et quelques-uns furent du royaume Kongo et de la colonie de l’Angola durant les premières décennies de la traite négrière en Louisiane…

La danse du nombril à la place publique de la colonie baptisée Congo Square

Du point de vue historique “Congo Square” fut un marché public de la Nouvelle Orléans fondée en 1699, pour permettre aux colons français de s’approvisionner des produits agricoles des Indiens et des Africains. “Congo square” était une importante place publique dans les premières décennies de la période coloniale française. La place publique du XVIIe siècle que l’on appelait à cette époque « La place des nègres » permettait aux esclaves d’apporter leurs surplus des acquis lors de la production agricole des travaux champêtres  où ils étaient esclaves. Les esclaves de la Nouvelle Orléans se réjouissaient de cette journée où ils bénéficiaient de liberté, achetaient et vendaient, puis avaient une possibilité de gagner de l’argent. Au début des années 1800, le marché s’était développé avec la croissance de la ville. Les rassemblements du dimanche vont désormais se terminer avec des danses qui commençaient quand les vendeurs se dispersaient…

Francoeur Arsène Nganga a fini son exposé par une anecdote selon laquelle, Louis Armstrong après avoir sillonné l’Afrique, a reconnu l’origine de sa musique en arrivant au Congo. En effet, lors du colloque scientifique sur l’histoire du jazz dans le monde, à l’occasion de l’édition 2017 de la célébration de la Journée internationale du jazz à Brazzaville, le directeur du musée panafricain du Fespam, Honoré Mobonda, avait déclaré que Louis Armstrong séjourna à Brazzaville dans les années 1958-1959 et avait chanté sur l’actuel emplacement du Centre sportif de Makélékélé. Il avait demandé aller se baigner dans la rivière Moukoukoulou, parce que ses parents lui auraient dit qu’ils étaient originaires de cette rivière située en pays bembé, ancienne partie septentrionale de la province de Nsundi du Royaume Kongo.

Bruno Okokana
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A propos CARMEN FEVILIYE 808 Articles
Juriste d’affaires Ohada / Journaliste-Communicant/ Secrétaire Générale de l'Union de la Presse Francophone - UPF section France